La « biorégion » : comment ce concept revient en force pour « réapprendre à habiter quelque part »

Résumé court

La biorégion propose de repenser les régions en fonction des critères naturels et géographiques pour fonder une société plus juste et écologique, en prenant en compte les particularités de chaque territoire.

Résumé long

La biorégion vise à retrouver une échelle pertinente pour agir en prenant en compte les particularités naturelles de chaque territoire. Elle propose de repenser les régions en fonction des critères naturels et géographiques, afin de fonder une société plus juste et respectueuse de l'environnement. L'approche biorégionaliste invite à changer notre rapport au territoire et à redescendre sur terre, en s'intéressant aux lieux que nous habitons, à notre environnement quotidien, et en prenant conscience de notre dépendance aux ressources locales. Elle met en avant l'idée de décentraliser le pouvoir, d'avoir des politiques adaptées à chaque région, portées par les habitants eux-mêmes. Le concept de biorégion trouve sa pertinence dans les domaines de l'écologie politique, de la recherche et des arts, offrant un outil pertinent et accessible pour envisager un avenir écologique et réapprendre à habiter quelque part.

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©BrandiRedd« C’est en réapprenant à vivre, chacun·e à notre manière, d’une façon soutenable et adaptée à notre région naturelle que nous pourrons envisager un avenir crédible pour la biosphère ». Voici en quelques mots, la philosophie portée par l’idée de biorégion. Si elle séduit déjà des militant·es, des élu·es ou des artistes, elle reste méconnue ou incomprise du plus grand nombre. À quoi ressemble une biorégion ? Pourquoi changer notre rapport au territoire ? Comment utiliser cette proposition théorique pour agir concrètement ? Discussion avec Mathias Rollot, pionnier de l’idée des biorégions en France.C’est sur la côte ouest des États-Unis des années 1970 que naît l’idée de biorégion. Alors que de cette Amérique consumériste, en guerre au Vietnam, jaillit un foisonnement de mouvements contre-culturels, les militants écologistes Peter Berg et Judy Goldhaft avancent une proposition originale : repenser les régions en fonction de critères naturels et géographiques. Autour de l’association Planet Drum Foundation, ils rassemblent peu à peu un réseau de « biorégionalistes » issu·es des mouvements contre-culturels et convaincu·es de la nécessité de renouer avec le territoire pour fonder une société plus juste et plus écologique.Malgré son succès aux États-Unis, il faudra attendre 2014 et la traduction du livre La biorégion urbaine de l’italien Alberto Magnaghi pour que l’idée soit importée en France. Mathias Rollot est alors plongé dans sa thèse de doctorat en architecture lorsqu’il découvre l’ouvrage au hasard en librairie. « Ça mêlait des réflexions sur les manières d’habiter, sur l’écologie et ses liens avec la question sociale, je sentais d’intuition que ça allait me parler ». Le jeune architecte s’est alors lancé dans un long travail de traduction, de réflexion et de publication pour introduire le biorégionalisme dans le débat public en France.Aujourd’hui, le concept de biorégion traverse les travaux et réflexions de l’écologie politique, de la recherche et même des arts – on pense à l’exposition Taking The Country’s Side, installée à la Friche Belle de Mai au printemps 2023. D’aucuns soulignent la richesse de la proposition, qui en fait un outil aussi pertinent qu’accessible pour envisager le monde de demain, et « réapprendre à habiter quelque part ». Rencontre avec Mathias Rollot, à l’occasion de la réédition de son livre Les territoires du vivant aux éditions Wildproject, illustré par Emmanuel Constant.« Pour dessiner une biorégion, il faut regarder le climat, les bassins versants, la faune, la flore, et tout ce qui détermine nos modes de vie, nos cultures locales ou nos traditions »Comment expliquer simplement ce qu’est une biorégion ?Mathias Rollot : L’idée de biorégion peut se résumer à partir d’une seule phrase : il n’y a pas de comportement écologique universel. C’est la volonté de retrouver une échelle pertinente pour agir, en prenant en compte les particularités naturelles de chaque territoire. Pour dessiner une biorégion, il faut regarder le climat, les bassins versants, la faune, la flore, et tout ce qui détermine nos modes de vie, nos cultures locales ou nos traditions.Mais au-delà d’un simple découpage géographique, c’est surtout une nouvelle manière d’habiter le territoire. Le biorégionalisme est né en opposition aux politiques fédérales aux Etats-Unis qui sont appliquées à l’échelle d’un demi-continent, à travers des grands États découpés de manière arbitraire. Il y a donc derrière l’idée de décentraliser le pouvoir, d’avoir des politiques adaptées à chaque région, portée par les habitant·es au niveau local, qui eux et elles-mêmes sont conscient·es et attentif·ves à leur environnement direct et adoptent un mode de vie écologique.Pourquoi partir du territoire et de la géographie pour parler d’écologie ?Mathias Rollot : Parce qu’on habite tous·tes quelque part. C’est toujours pertinent de partir de ce qu’on a sous les pieds, sous les yeux, de regarder autour de soi pour mieux comprendre son environnement quotidien. C’est-à-dire revenir à des niveaux de base : d’où vient ce que je mange ? d’où vient l’eau du robinet ? qui est autour de moi ? L’approche biorégionaliste est une invitation concrète à redescendre sur terre, à vraiment s’intéresser aux lieux qu’on habite, aux choses matérielles desquelles on dépend ou à l’impact qu’on a autour de nous etc.On s’est beaucoup demandé « comment agir pour l’écologie ? », mais je pense qu’il faut reposer la question sous un autre angle, se demander : « Où agir pour l’écologie ? ». C’est toujours à partir d’un lieu que l’on peut agir et se déployer.Qu’est-ce qui vous séduit dans cette approche ? Qu’est-ce qui en fait une bonne boussole pour agir face à la catastrophe climatique ?Mathias Rollot : J’aime beaucoup l’idée, inspirée des mouvements anarchistes ou du municipalisme libertaire, qu’on ne peut pas faire de l’écologie contre les peuples, par le haut. Les biorégions, c’est un appel à chacun·e à se mobiliser au niveau local pour s’attaquer à un problème global. Parce que pour sauver le tout, il faut sauver les parties.« L’approche biorégionaliste est une invitation concrète à redescendre sur terre »Mais ce n’est pas une notice toute prête. Il y a une infinité de manières d’agir et de s’approprier l’approche biorégionaliste, qui est propre à chaque personne en fonction d’où elle est, de ce qu’elle fait dans la vie etc. J’aime bien dire que c’est comme de la poésie. On ne peut pas vraiment définir quels sont les effets de la poésie. Pourtant, on voit bien que les personnes qui lisent beaucoup de poésie ne parlent pas pareil, elles ne réfléchissent pas pareil, elles n’agissent pas pareil. C’est quelque chose qui nous transforme d’une manière qui n’est pas donnée d’avance.On peut aborder les biorégions par tous les angles. Ça peut être des associations dans les Pyrénées qui veulent monter une biorégion en autonomie et transfrontalière avec l’Espagne pour sauvegarder leurs ressources en eau, des acteurs comme le Low-Tech Lab qui s’interroge sur le partage de l’énergie et des outils, ou encore des métropoles qui s’en inspirent pour mener leur politique locale.Comment ce travail sur les biorégions nourrit votre travail d’architecte ?Mathias Rollot : Les biorégions m’ont permis de questionner les grands principes de l’architecture qui se croit parfois universelle ou intemporelle. Après ma thèse, j’ai trouvé un travail à Montpellier, et je faisais les allers-retours avec ma vie personnelle à Paris. Très rapidement, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas le genre d’arbre qui pousse là-bas, la géologie, les vents, les taux d’humidité… Donc impossible de déterminer les matériaux les plus pertinents à utiliser ni où se les procurer par exemple. C’est une approche qui permet de rester modeste, d’éviter les grands discours.Jusqu’au XXe siècle, l’architecte était le serviteur du pouvoir, le bras droit de la domination. Il construisait des monuments, des palais, des églises, des prisons ou des cathédrales. Au XXe siècle, l’architecture s’est parfois mise au service du peuple, en essayant d’imaginer des logements collectifs, des lieux agréables à vivre, des villes saines etc. Au XXIe siècle, elle doit encore se transformer, devenir autre chose en s’intéressant aux mondes non-humains et au territoire par exemple.« On ne peut pas vivre en harmonie avec un monde qu’on ne représente pas, qu’on ne raconte pas ou qu’on ne chante pas »L’architecture écologique ne doit pas se contenter d’être la même chose qu’avant, mais avec de l’isolant devant. Si c’est pour faire uniquement de l’éco-construction, il s’avère que les ingénieur·es le font mieux que nous. Les architectes sont là pour faire le pont entre les modes de vie des gens et les édifices qui accueillent, conditionnent, permettent ou empêchent ces modes de vie.C’est pour ça que dans ma pratique, j’essaye toujours de laisser de la place à l’imprévu, à la découverte, ainsi qu’aux commanditaires et aux artisans qui connaissent mieux l’environnement local. Il est aussi important pour moi de ne pas toujours cacher les câbles, les gaines ou les tuyaux d’un bâtiment, pour montrer tout ce dont on dépend matériellement. Cela évite aussi de déposséder les habitant·es de la capacité de comprendre et de réparer leur habitat.Dans votre ouvrage Les territoires du vivant, vous insistez sur la nécessité de « décoloniser nos imaginaires » et de « tisser de nouveaux récits sur les lieux qu’on habite ». Quel rôle jouent l’art, la culture et les imaginaires dans le biorégionalisme ?Mathias Rollot : C’est simple. Je pense qu’on ne peut pas vivre en harmonie avec un monde qu’on ne représente pas, qu’on ne raconte pas ou qu’on ne chante pas. On doit retrouver un contact avec la nature, mais ce contact ne peut pas être que physique ou productiviste avec les animaux et les arbres. Il doit aussi être sensible, à travers une véritable révolution culturelle. Permettre à chacun·e de se vivre comme un mammifère terrestre, comme une partie du monde vivant. Les artistes participent à créer des cultures locales vivantes, vivifiantes, qui peuvent devenir des passerelles vers notre environnement.Les territoires du vivant, de Mathias Rollot, publié en février 2023 aux éditions Wild Project.Parfois qualifiés de nourriciers, de culturels ou de sociaux, les « tiers-lieux » ont comme spécificité d'héberger une grande diversité...Après avoir sillonné la France en caravane pour aider ses abonné·es à transformer leurs modes de vie, elle lance son...Retour sur notre rencontre avec la militante et politologue Fatima Ouassak. Une discussion censée durer 30 minutes dans laquelle Fatima... ©2020 Pioche! Magazine ©2020 Pioche! Magazine

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